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La criminalité transnationale organisée

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La criminalité aujourd'hui est devenue un acteur géopolitique incontournable. Quelles sont les manifestations de sa puissance?
La criminalité aujourd’hui est devenue un acteur géopolitique incontournable. Quelles sont les manifestations de sa puissance?

Les groupes criminels transnationaux pèsent dans les relations internationales et concurrencent les Etats. La lutte contre la criminalité organisée est ainsi un des défis majeurs de la communauté internationale, qui, toutefois, paraît inefficace face aux mutations en cours des acteurs criminels.

Même si elle est ancienne, la criminalité organisée s’est développée depuis les années 1990 pour trois raisons principales : premièrement, les échanges commerciaux ont été multipliés par 10 en volume depuis 1975 sans renforcement des opérations de contrôle (seuls 3 à 5% des containers sont contrôlés dans l’UE) ; deuxièmement, le retrait de l’Etat en raison de la déréglementation et des revendications régionales, et la rapide urbanisation dans les PED a favorisé l’apparition de « zones grises » (X.Raufer), territoires non délimités où le pouvoir n’est pas aux mains d’entités étatiques (Etats faillis et bidonvilles) ; troisièmement, certaines organisations politiques, depuis la fin de la guerre froide, recherchent d’autres sources de financement, par des activités criminelles (FARC, moudjahidin afghans, Tigres tamoul, …) ou en se corrompant directement auprès d’organisations criminelles. Aujourd’hui, les réseaux criminels sont à la tête d’un marché de 650 milliards de dollars (ONU, 2009) avec non seulement le marché des stupéfiants pesant pour la moitié (troisième plus gros marché du monde derrière le pétrole et l’armement), mais aussi la contrefaçon, les trafics d’organes, d’espèces protégées, …

On assiste aujourd’hui à une mondialisation des réseaux criminels, horizontale et verticale. Horizontale avec une expansion géographique à distinguer selon trois échelles : les zones de production en Amérique latine (Mexique) et du Sud (Colombie, Bolivie), en Asie du Sud-Est (Birmanie, Thaïlande, Indonésie), le sous-continent indien (Afghanistan, Pakistan, Inde), le Maghreb (Maroc), les zones de consommation (Amérique du Nord, Europe, Japon, Chine occidentale), et entre elles des zones de transit (qui sont souvent des anti-routes difficiles d’accès et peu contrôlées) comme le Mexique, la Turquie, les Balkans, Hong-Kong. Verticale en ce que les acteurs se distinguent en fonction de leur organisation, de leur emprise territoriale et économique (60% du PNB afghan dépend des mafias de l’opium), de leur armée (100 000 hommes pour les cartels mexicains).

Aujourd’hui, les organisations criminelles concurrencent les Etats, infiltrent les élites politico-financières, menacent les sociétés civiles par leurs prises d’otages. Elles soulèvent de nombreuses questions : économiques tout d’abord en raison des bulles financières que le blanchiment d’argent favorise (les pays européens les plus touchés par la crise européenne sont aussi les pays les plus touchés par le crime) ; politiques ensuite puisque aux guerres bilatérales succèdent des guerres civils localisées impliquant quasi-systématiquement des acteurs criminels ; de sécurité globale puisqu’une ligne de cocaïne consommée détruit 1m² de forêt tropicale et distribue 100 cartouches de Kalachnikov en Afrique.

Depuis 2009, face à la stabilisation de la consommation des jeunes dans les pays du Nord et l’explosion de la consommation de drogues dans les pays émergents, les organisations criminelles évoluent et deviennent des réseaux où le crime s’allie avec le terrorisme pour donner naissance à de redoutables acteurs hybrides. Contre lesquels notre politique de lutte contre le crime est à repenser.

Pour plus d’informations, lisez le dossier spécial des YDM sur la criminalité organisée

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